Nouvelle saison tauromachique

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À l'occasion de l'ouverture, le 11 mars, de la première feria importante de la saison tauromachique, celle des "fallas" de Valencia, je tenais à vous exposer les différentes étapes d'une corrida.

La corrida, un "art" bien à part"

Une corrida, c'est quoi ?

L’action se déroule en trois temps. 

Les piques

Le premier tercio est consacré à l’utilisation de piques. Les blessures sont profondes et le picador peut enfoncer la pique plusieurs fois dans la plaie. Si l’arme est appliquée avec force, c’est toute la croisette d’arrêt – plus de 10 cm de large – qui pénètre dans la plaie et fait effet de levier, pouvant aller jusqu’à casser une côte. 

Les banderilles

Le deuxième tercio voit la mise en œuvre de banderilles. Les plaies sont moins profondes (de l’ordre de 7 cm) mais les mouvements de l’animal les font bouger les six harpons dans la chair. Le sang coule en abondance, ce qui affaiblit l’animal par hémorragies multiples.

L'épée

Puis le tercio de muerte, l’estocade où l’épée de 85 cm, ne pénètre rarement qu’une seule fois : le tueur (matador) s’y reprend souvent à plus de trois ou quatre fois. Le record : 32 coups d’épée ! Enfin, l'animal est achevé au poignard, la puntilla, servant à sectionner le bulbe rachidien. Ici, le pire est de 34 coups. Mais les bouchers voient parfois des animaux leur arriver encore vivants… 

Mise en scène

Pour faire oublier le sadisme, on le pare d'habits de lumière sur fond musical. Mais le match est truqué. "Les tricheries consistent à combattre un animal plus jeune qu’il ne l’a été annoncé [en dépit du marquage au fer rouge de l’année de naissance et de certificats de naissances, souvent falsifiés par les éleveurs], à le droguer pour le rendre plus docile, à scier ses cornes [afeitade]" explique Mireille Didrit, universitaire qui a consacré un des ses travaux à la tauromachie.

"D’autres pratiques existent comme la purgation, l’étourdissement du taureau en le mettant dans une cage montée sur un axe qu’on tourne, lui jeter des sacs de sable sur la colonne vertébrale pour la lui écraser quelques heures avant la corrida, etc..." indique encore l’auteur. "Tout ceci ne fait pas partie des conditions naturelles de vie des taureaux ; c’est éthiquement condamnable et cela fausse le jeu en mettant le taureau en position de faiblesse", souligne-t-elle encore. "Les illégalités volontairement pratiquées en combat consistent par exemple à piquer le museau avec la pointe de la muleta, à planter les banderilles dans la blessure de la pique ; le temps légal pour l’estocade est très souvent dépassé, il peut atteindre 30 minutes".

On l’a vu, d’autres techniques sont systématiquement employées - au grand jour - pour rendre le taureau beaucoup moins dangereux qu’il n’y paraît : les coups de pique et les banderilles pour l’affaiblir. Perte de sang et destruction d’une partie des tendons du cou, qui lui permettent de relever la tête : l’animal est sans défense. De plus, fréquemment, les taureaux tombent ; ces chutes ont de nombreuses raisons dont l’alimentation inadaptée et les maladies.

Même la Fédération des sociétés taurines de France, que l’on ne saurait suspecter d’être le fer de lance de la lutte contre les corridas et qui ne cesse de brocarder les associations de défense des animaux, est bien obligée de reconnaître qu’il y a des irrégularités. Ainsi, elle note : "Afin d'éviter de graves problèmes, il est aussi impératif aujourd'hui de prévoir un contrôle vétérinaire très strict afin de ne pas amener de bétail malade dans les arènes". Dans les tracts qu’elle distribue au public des arènes, elle invite les spectateurs à vérifier l’état des cornes : "des cornes visiblement raccourcies, qui éclatent en pinceau ou qui saignent imposent une expertise" souligne-t-elle. Autrement dit, même les partisans des corridas reconnaissent qu’il existe des tricheries.

Les arguments des aficionados

Mourir dans l’arène est le plus beau sort que puisse connaître le taureau

Le taureau souffre lors de sa mort lente dans l’arène. Les sentiments de prétendue noblesse et d’orgueil lui sont étrangers.

Le torero est l'égal de l’animal devant la mort

Statistiquement faux : un torero tué pour 33000 taureaux. Dire comme on l’entend parfois "le taureau à ses chances" est une absurdité. Il n’a aucune chance. Le torero prend juste le risque très mesuré d’un pour 33000 de se faire tuer. Par comparaison le risque de ne pas se réveiller d’une anesthésie générale est de un pour 8000. De surcroît, à la différence du taureau qui découvre l’arène et ses bruits pour la première fois, l’homme a l’habitude et s’est maintes fois entraîné.

Les taureaux sont faits pour le combat. Ils l’aiment et le recherchent

Ils sont sélectionnés pour leur allure. Mais leur combativité prétendue est en fait un réflexe de peur. "Je ne pensais pas qu’on puisse autant s’amuser autour d’une tombe", chante Francis Cabrel dans "La corrida" où il dénonce le torero, "cette danseuse ridicule". Malheureusement, il existe en France, comme en Espagne, des amateurs qui apprécient d’assister à la mise à mort d’un animal et des personnes ravies de leur offrir ce « spectacle », moyennant finances.

"Chaque fois que la corrida avance, c'est l'humanité qui recule" écrit le chanteur sur son site Internet. Que l’on ne vienne pas dire qu’il s’agit là de la critique d’un artiste qui n’aime pas le Sud-Ouest ! C’est justement parce qu’il défend sa région qu’il ne veut plus la voir défigurée par des arènes.

Malheureusement chaque année, de nouvelles villes accueillent des corridas, en dépit des actions en justice que mènent plusieurs associations.

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